Pas de Centrafricain parmi les 100 personnalités africaines les plus influentes.
       Le 
magazine Jeune Afrique vient de publier sa liste annuelle des 100 personnalités 
africaines les plus influentes au niveau mondial. Sont exclus d'office de ce 
classement les chefs d’État et de gouvernement, pour des raisons liés aux 
critères de sélection, soit :
-        
la capacité de peser sur 
les décisions politiques, économiques ou à modeler l'opinion 
publique ;
-        
la notoriété, l'exposition 
médiatique et la popularité sur les réseaux sociaux ;
-        
la trajectoire individuelle 
ou le dynamisme du parcours personnel.
1 – La métaphore de la course 
cycliste.
Le quatuor de tête de ce classement n'a pas varié 
depuis la dernière enquête de ce type. Trois pays font l'échappée : le 
Nigeria, l'Afrique du sud et le Cameroun. Ils sont rejoints par le Maroc 
(1).
Le peloton de tête lancée à la poursuite de ce trio 
comprend douze pays. Ils alignent chacun entre 3 à 6 personnalités influentes 
(2).
Le troisième groupe comprend 17 États africains où 
l'on trouve 1 ou 2 personnalités influentes (3).
Enfin, vient la pléthore des lanternes rouges. Ces 
pays ne sont représentés par aucune personnalité influente. Dans ce groupe de 
21, la RCA tient la place de la voiture-balai, juste devant 
l'ambulance.
2 – La répartition par centre 
d'intérêt.
Bien que les chefs d’État et de gouvernement en soient 
exclus, le classement fait apparaître en priorité l'importance de personnalités 
politiques ; ce qui peut paraître normal puisque ces dernières remplissent 
simultanément les trois critères retenus plus haut. De fait, qu'ils soient 
écrivains, poètes, médecins, économistes, architectes ou philosophes, ces 
personnalités interviennent dans la sphère politique, en particulier lorsqu'ils 
dirigent un organisme international ou lorsqu'elles bénéficient d’une 
reconnaissance mondiale (Prix Nobel par exemple).
Vient ensuite le groupe des artistes, écrivains là 
encore, peintres, musiciens ou sportifs. Ces personnalités bénéficient d'une 
notoriété et d'une exposition médiatique qui rejaillissent sur leur pays 
d'origine.
Troisième groupe par ordre d'importance décroissant, 
les hommes d'affaires et entrepreneurs africains. Ils forment le « clan des 
milliardaires », en ayant fait fortune dans différents secteurs de 
l'économie, et présentent des trajectoires individuelles dynamiques qui les 
exposent au regard de l'opinion publique.
3 – Le triste sort des juristes et des auxiliaires de 
la justice.
Il convient en effet de noter le nombre insignifiants 
des juristes et auxiliaires de justice qui émargent dans cette liste de 100 
noms. Faut-il croire que le niveau de la corruption et de l'impunité est tel, 
dans ces pays, que la fonction de juriste est ignorée ou inutile ? 
Pourtant, dans le même numéro du magazine, on trouve 
une liste de 100 avocats du droit des affaires, mais ils sont moins connus que 
les cabinets internationaux dont ils sont les membres associés. Parmi ces 
leaders, émerge le cabinet africain de l'année, SD Avocats, de la Guinéenne 
Salimatou Diallo.
En poussant plus loin ses investigations, Jeune 
Afrique aurait pu citer une Centrafricaine, dont la notoriété n'est pas encore 
établie, mais dont les décisions font poids. Il s'agit de la présidente de la 
Cour constitutionnelle de la République centrafricaine, Madame Danièle Darlan, 
qui vient par deux fois de dire le droit, d'une part en rejetant le projet de 
modification de la loi fondamentale porté par les députés de la majorité 
parlementaire et validé par le gouvernement et, d'autre part, en validant le 
projet de loi organique portant composition, organisation et fonctionnement de 
l'Agence nationale des élections (ANE), projet déposé par la commission des lois 
de l'assemblée nationale en contre- projet du gouvernement qui entendait 
proroger le mandat de l'actuelle Agence nationale des élections (4). Ces deux 
décisions ont valu à la présidente de subir pressions et menaces, au point 
désormais de la placer sous la protection du contingent camerounais de la 
MINUSCA.
Paris, le 19 août 2020
Prosper INDO
Économiste,
Consultant international.
(1)   – 
Nigeria (15 personnalités influentes), Afrique du sud (12), Cameroun (8) et le 
Maroc (7).
(2)   - 
Sénégal, Égypte, Ghana, Mali, Sénégal, Algérie, Rwanda, RDC, Ouganda, 
Côte-d'Ivoire, Tunisie, Éthiopie.
(3)   - 
Soudan, Burkina-Faso, Tchad, Kenya, Bénin, Zambie, Togo, Djibouti, Tanzanie, 
Guinée-Bissau, Mauritanie, Madagascar, Libye, Angola, Liberia, Congo, 
Botswana.
(4)   – 
Le professeur Danièle Darlan, qui a été enseignante et doyenne de de la faculté 
de droit et sciences politiques de l’Université nationale de Bangui, est à son 
affaire. On lui doit une brillante analyse de « L’évolution 
constitutionnelle et juridictionnelle de la République centrafricaine à travers 
les textes », Edition L’Harmattan, Paris.
